Il y a des villes qui se laissent deviner avant même d’y poser le pied. Curepipe, perchée au cœur de l’île Maurice comme un secret bien gardé, est de celles-là. Ici, l’air sent la terre humide après la pluie, mêlée aux effluves de cari poulet qui s’échappent des gargotes du marché. Un weekend à Curepipe, c’est l’assurance de passer du bord d’un cratère volcanique éteint depuis 25 000 ans – le Trou aux Cerfs, joyau géologique entouré de villas coloniales décaties – à une table en formica où l’on vous servira un bouillon brède si épicé qu’il vous fera oublier vos préjugés sur la cuisine « douce » des îles.
Mais Curepipe, c’est aussi une ville qui porte ses contradictions avec panache. Ancienne station climatique prisée par les colons britanniques fuyant la chaleur côtière, elle conserve des allures de little England avec ses jardins taillés au cordeau et son club de golf centenaire. Pourtant, il suffit de s’écarter de la grand-rue pour tomber sur des échoppes où l’on vend des gâteaux piments à côté de statuettes de Ganesha, rappelant que cette ville est avant tout un creuset culturel. Entre les murs lépreux des anciennes usines textiles et les rires des écoliers en uniforme, Curepipe murmure des histoires de migrations, de sucre et de résistance.
Du Trou aux Cerfs aux étals du marché : itinéraire d’un voyage sensoriel
Commencez votre exploration par le Trou aux Cerfs, ce cratère de 350 mètres de diamètre où la nature a repris ses droits avec une exubérance presque provocante. Les mauriciens viennent ici pour des pique-niques improvisés, étalant des nappes à carreaux sur l’herbe tandis que les enfants courent après des cerfs-volants fabriqués avec des sacs plastiques recyclés. À l’aube, quand la brume enveloppe encore les bords du cratère, les joggers se croisent en silence, comme pour ne pas réveiller les esprits des anciens esclaves qui, selon la légende, hanteraient ces lieux. Juste à côté, le Jardin Botanique de Curepipe abrite des espèces endémiques rares, comme le Trochetia boutoniana, fleur nationale, dont les pétales orange vif semblent défier le ciel.
Puis direction le marché de Curepipe, où l’odeur du biryani se mélange à celle des épices fraîchement moulues. Les vendeuses, souvent des femmes au sarcasme redoutable, vous proposeront de goûter leurs achards de légumes en échange d’un sourire. Ne manquez pas les étals d’artisanat : les paniers en vacoa (une fibre locale) tressés par les mains expertes des femmes de la région, ou les petites sculptures en bois de bois d’ébène représentant des scènes de la vie quotidienne. Si vous avez de la chance, vous tomberez sur un séga tipik improvisé – cette musique traditionnelle mauricienne où les rythmes africains épousent les mélodies indiennes – joué par des musiciens amateurs devant un public conquis.
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Le Trou aux Cerfs à Curepipe : un cratère endormi qui raconte l’âme de l’île Maurice
Si vous pensiez que l’île Maurice se résumait à des plages de carte postale et à des cocktails servis dans des noix de coco, visiter le Trou aux Cerfs à Curepipe va vous faire réviser votre jugement. Ce cratère volcanique endormi, large de 350 mètres et profond de 85, est une cicatrice géologique qui rappelle que cette île paradisiaque a été forgée par le feu. Accessible gratuitement, le site est ouvert tous les jours de 6h à 18h, ce qui en fait une escapade idéale pour les lève-tôt comme pour les flâneurs de l’après-midi. Pour y accéder, rien de plus simple : depuis le centre-ville de Curepipe, suivez la Trou aux Cerfs Road – oui, c’est aussi subtil qu’un panneau indiquant « Ici, le volcan » – et garez-vous sur le parking aménagé. Les plus courageux (ou les moins motorisés) peuvent aussi s’y rendre à pied depuis la gare routière, en une vingtaine de minutes de marche en montée. Prévoyez un chapeau : le soleil tape dur, même quand le vent souffle en rafales.
Mais le Trou aux Cerfs, ce n’est pas qu’un trou. C’est un écosystème à part entière, où la végétation luxuriante – fougères arborescentes, bois de natte et autres espèces endémiques – a repris ses droits sur les flancs du cratère. Les Mauriciens l’appellent affectueusement « le poumon de Curepipe », et pour cause : l’air y est frais, presque humide, une bouffée d’oxygène bienvenue après l’agitation de Port-Louis. Les locaux viennent ici pour pique-niquer, faire leur jogging ou, plus prosaïquement, draguer discrètement sous couvert d’admirer la vue. Les touristes, eux, s’extasient devant les couleurs changeantes du lac au fond du cratère, qui passe du bleu électrique au vert mousse selon la lumière. Petit conseil : évitez les jours de brouillard (fréquents en hiver austral, de juin à septembre), sauf si vous aimez jouer à cache-cache avec un paysage qui se dévoile par intermittence.
Autour du cratère, la vie suit son cours, entre modernité et traditions. Les vendeurs ambulants proposent des gâteaux piments (ces beignets de lentilles corail qui piquent juste ce qu’il faut) et des noix de coco fraîches à boire à la paille, tandis que des familles mauriciennes installent des nappes à carreaux pour des repas dominicaux qui durent des heures. Si vous avez la chance de tomber sur un mariage hindou dans les environs – reconnaissable aux saris flamboyants et aux tambours ravanne – ne vous gênez pas pour observer (discrètement) : c’est du théâtre populaire, gratuit et bien plus authentique que n’importe quel spectacle pour touristes.
Où manger à Curepipe : une odyssée culinaire entre dholl puri et fusion audacieuse
Curepipe, c’est le ventre de l’île Maurice. Pas au sens géographique (même si le Trou aux Cerfs y est pour quelque chose), mais bien au sens gastronomique. Ici, les meilleurs restaurants pour goûter la cuisine mauricienne ne se cachent pas dans des resorts clinquants, mais dans des échoppes discrètes ou des cantines familiales où le menu du jour s’écrit à la craie sur un tableau. Commencez par le Marché de Curepipe (oui, on y reviendra), où les étals de street food rivalisent d’inventivité. Le dholl puri de chez Ti’ Carré – une galette fine fourrée de pois cassés, servie avec un rougaille (sauce tomate épicée) et des achards de légumes – est une institution. Pour quelques roupies de plus, ajoutez un boulette (soupe de boulettes de porc ou de poisson) chez Chez Tino, un boui-boui sans prétention où les habitués mangent debout, une cuillère dans une main et un morceau de pain dans l’autre.
Si vous préférez vous attabler, direction Le Fangourin, un restaurant installé dans une ancienne maison coloniale, où la cuisine mauricienne se marie avec des touches françaises. Leur cari poulet (un curry local, moins épicé que son cousin indien) est servi avec un rougaille saucisse et des brèdes (feuilles de morelle, un légume-feuille local au goût terreux). Pour une expérience plus contemporaine, The Deck propose des plats revisités comme le tuna tataki mariné au citron vert et piment, accompagné de chutney maison. Les prix restent raisonnables (comptez 800 à 1 500 roupies par personne), surtout si vous comparez avec les restaurants de la côte ouest. Et si vous avez un faible pour les desserts, ne quittez pas Curepipe sans avoir goûté au gâteau patate (un cake à la patate douce parfumé à la vanille) de la pâtisserie Le Plaisir.
Et puis, il y a les jours où le temps se déchaîne. Quand la pluie s’invite – et à Curepipe, elle le fait souvent, surtout entre janvier et mars –, les plans de randonnée autour du Trou aux Cerfs partent en fumée. Mais que faire à Curepipe quand il pleut ? Réponse : se réfugier dans les musées et les cafés, et en profiter pour découvrir une autre facette de l’île. Le Musée de la Photographie, installé dans une vieille maison coloniale, expose des clichés en noir et blanc des années 1950, où l’on voit des ouvriers des champs de canne à sucre et des pêcheurs de la côte est. C’est poignant, beau, et ça coûte à peine 200 roupies l’entrée. Juste à côté, le Musée Volcanique (oui, encore lui) propose des expositions interactives sur la formation de l’île, avec des échantillons de roches volcaniques que les enfants adorent toucher (et que les adultes trouvent étrangement apaisants).
Le marché aux légumes de Curepipe : un festival de couleurs, de cris et de saveurs oubliées
Si vous voulez comprendre l’âme de Curepipe, allez au marché aux légumes. Pas celui, aseptisé, des supermarchés climatisés, mais le vrai : celui qui sent la terre humide, le piment frais et la sueur des porteurs. Ouvert tous les jours de 5h à 17h (mais arrivez tôt pour les meilleurs produits), ce marché est une cacophonie organisée où se mêlent les cris des vendeurs, les rires des ménagères et les négociations en créole. Ici, on ne parle pas en euros ou en dollars, mais en « combien la livre ? », et on marchande avec le sourire. Les étals regorgent de trésors : des chouchous (chayottes), des brèdes (ces feuilles vert foncé qui ressemblent à des épinards mais en plus goûteux), des piments oiseau (à manipuler avec précaution, sauf si vous aimez pleurer en public), et des fruits exotiques comme les letchis ou les corossols.
Pour un guide d’achat express : les tomates cœur de bœuf de Curepipe sont réputées pour leur douceur, les aubergines longues (une variété locale) se cuisinent à merveille en cari, et les bananes figues (petites et sucrées) sont parfaites pour un en-cas. N’hésitez pas à demander conseil aux vendeuses – elles vous expliqueront comment préparer un rougaille morue ou où trouver les meilleures feuilles de vacoa (utilisées pour envelopper les boulettes avant cuisson). Et si vous tombez sur un étal de achards de légumes (légumes marinés au vinaigre et moutarde), achetez-en : c’est l’accompagnement parfait pour un repas improvisé sur la terrasse de votre guesthouse.
« Un marché, c’est comme un livre ouvert sur une culture. À Curepipe, chaque étal est une page, chaque vendeur un conteur. Et si vous écoutez bien, vous repartirez avec bien plus que des légumes. »
Dormir à Curepipe sans se ruiner : guesthouses avec vue sur le volcan et charme local
Curepipe n’est pas (encore) une destination pour les digital nomads en quête de coworking spaces design, et c’est tant mieux. Ici, les hôtels et guesthouses pas chers ont du caractère, des propriétaires qui vous accueillent comme des cousins éloignés, et souvent une vue imprenable sur le Trou aux Cerfs. Parmi les pépites, la Guesthouse Le Repos, tenue par une famille franco-mauricienne, propose des chambres simples mais propres à partir de 1 500 roupies la nuit (soit environ 35 €), avec un petit-déjeuner maison incluant des confitures de goyave et du pain frais. La terrasse donne directement sur le cratère, et le soir, quand les lumières de la ville s’allument, c’est presque magique. Autre option : le Hotel des Arts, un établissement modeste mais bien situé, où les chambres à 1 800 roupies offrent un rapport qualité-prix imbattable. Le bonus ? Un jardin rempli de sculptures en bois réalisées par des artisans locaux.
Pour ceux qui préfèrent l’intimité d’un logement indépendant, les gîtes comme La Case du Volcan (à partir de 2 200 roupies) valent le détour. Cette petite maison en bois, perchée sur les hauteurs, est équipée d’une cuisine où vous pourrez tester vos talents de cuisinier avec les produits du marché. Le propriétaire, un ancien guide touristique, se fera un plaisir de vous indiquer les meilleurs shortcuts pour éviter les embouteillages de Curepipe (oui, ça existe) ou les coins secrets pour observer les pigeons des mares, ces oiseaux endémiques qui nichent dans les falaises autour du cratère. Et si vous avez envie de vous faire dorloter, la Villa Mon Plaisir, une ancienne demeure coloniale transformée en chambre d’hôtes, propose des massages ayurvédiques en plein air, avec une vue à couper le souffle. À 2 500 roupies la nuit, c’est un luxe abordable.
Curepipe hors des sentiers battus : artisanat, fêtes locales et l’art de prendre son temps
Si vous pensez avoir fait le tour de Curepipe en une journée, vous vous trompez. Cette ville, souvent réduite à son volcan et à son marché, recèle des trésors insoupçonnés. Prenez le temps de flâner dans le quartier de Forest Side, où les vieilles maisons en bois peint (appelées « cases créoles ») résistent encore à la modernité. Certaines, comme la Maison Eureka (un musée privé ouvert au public), offrent un voyage dans le temps, avec leurs meubles en acajou, leurs photos jaunies et leurs jardins remplis de plantes médicinales. Les Mauriciens viennent ici pour les mariages – la maison se loue pour des réceptions – et les touristes pour l’atmosphère surannée. Le jardin, avec ses flamboyants en fleurs (arbres aux pétales rouge vif), est un havre de paix où l’on peut s’allonger dans un hamac avec un livre… ou une bière Phoenix, la locale.
Curepipe est aussi une ville d’artisans. Dans les ruelles derrière la mosquée Jummah, des ébénistes sculptent des meubles en bois de vacoa, un matériau résistant et parfumé, tandis que des tisseuses créent des paniers en vacoa (une fibre végétale locale) ou des sacs en raphia. Pour rapporter un souvenir utile, rendez-vous à l’Atelier de Marie, où une femme nommée (devinez) Marie fabrique des nappes et des sets de table en coton imprimé à la main avec des motifs inspirés de la flore mauricienne. Les prix sont doux (une nappe autour de 800 roupies), et chaque pièce est unique. Et si vous êtes là en août, ne manquez pas la Fête des Lumières, où les rues de Curepipe s’illuminent de lanternes en papier et de guirlandes, en hommage à la fois à la fête hindoue de Diwali et à la tradition catholique de l’Assomption. C’est un mélange typiquement mauricien : joyeux, bruyant, et profondément généreux.
Quand la pluie s’invite : les activités couvertes qui sauvent une journée
On l’a dit : à Curepipe, que faire quand il pleut ? La réponse ne se limite pas aux musées. Il y a aussi les salons de thé historiques, comme le Café de la Gare, où l’on sert des thés vanillés de l’île Maurice (oui, la vanille pousse ici, et elle est divine) avec des gâteaux à la noix de coco. Ou alors, plongez dans l’univers du rhum arrangé chez La Distillerie de Chamarel (leur boutique à Curepipe propose des dégustations). Leur rhum vanille-cannelle est un régal, et une bouteille fait un cadeau parfait (ou un souvenir pour soi-même, on ne juge pas). Enfin, pour une activité insolite, essayez le bowling de Curepipe – oui, vous avez bien lu. Situé dans un centre commercial des années 1990, c’est un lieu improbable où se croisent ados en train de draguer et familles venues passer l’après-midi. L’ambiance est bon enfant, les prix dérisoires (200 roupies la partie), et le kitsch du lieu en fait presque une attraction touristique à part entière.
Curepipe : quand le centre de l’île Maurice bat au rythme des sega, des volutes de thé et d’une histoire géologique aussi riche que méconnue
Si Port-Louis incarne l’âme commerçante et métissée de l’île, et que Grand Baie en est la vitrine balnéaire clinquante, Curepipe—perchée à 560 mètres d’altitude—en est le cœur battant, là où l’on respire enfin. Ici, l’air est frais, chargé de l’odeur des eucalyptus et des dholl puris frits dans l’huile de palme, ces beignets fourrés aux pois cassés que les Mauriciens engloutissent au petit-déjeuner avec un thé décoration (un mélange local sucré à outrance, servi dans des verres en plastique colorés). La ville, souvent réduite à son rôle de hub administratif, est en réalité un musée à ciel ouvert : entre les façades coloniales délavées du Marché aux Légumes (où les vendeuses crient leurs prix en créole en équilibrant des paniers de letchis sur leur tête) et les allées ombragées du Jardin Botanique, on y lit l’histoire d’une île façonnée par les volcanes, les esclaves, et les vagues successives d’immigration.
Prenez le Trou aux Cerfs, ce cratère endormi en plein centre-ville, aujourd’hui transformé en parc public où les amoureux s’embrassent à l’ombre des filaos et où les joggeurs mauriciens—shorts fluo et casquettes Nike—côtoient des familles picniquant sur des nappes à carreaux. Le lac au fond du cratère, alimenté par les pluies, est un miroir trouble qui reflète les nuages et, si vous tendez l’oreille, les échos lointains des tam-tams joués lors des cérémonies hindoues au Temple de Ganga Talao, à quelques kilomètres de là. Les Mauriciens viennent ici pour « prendre l’air », une expression locale qui signifie bien plus que se promener : c’est un rituel social, une pause dans le tumulte quotidien. Les enfants achètent des glaces Alouda (un mélange de lait, d’agar-agar et de sirop de rose) auprès des marchands ambulants, tandis que les anciens, assis sur des bancs, commentent les dernières affaires politiques en mâchouillant des graines de betel.
Mais Curepipe, c’est aussi une scène culturelle underground qui mérite qu’on s’y attarde. Derrière les devantures poussiéreuses du Plaza (un centre commercial des années 70 qui semble figé dans le temps) se cachent des boutiks d’artisans où l’on vend des paniers vannes tissés à la main—ces corbeilles en feuilles de vacoa, autrefois utilisées pour transporter le sucre, aujourd’hui transformées en objets déco pour touristes. Plus loin, dans les ruelles pentues de Forest Side, des ateliers de tableaux sur verre perpétuent un artisanat introduit par les coolies indiens au XIXe siècle : des scènes religieuses ou des paysages de l’île, peints à l’envers sur des miroirs, avec une précision qui défie l’entendement. Et si vous avez de la chance, vous tomberez sur un sega tipik improvisé dans l’arrière-cour d’un resto local—pas le folklore édulcoré des hôtels, mais la vraie affaire : des hommes et des femmes en robes malbar ou en shalwar kameez, qui frappent le sol avec leurs pieds nus en chantant des mélodies en créole, accompagnés par le grincement d’un ravanne (tambour traditionnel) et le cliquetis des maravannes (hochets en métal).
Il y a une ironie délicieuse à voir Curepipe, ville souvent perçue comme « ennuyeuse » par les Mauriciens eux-mêmes, abriter certains des meilleurs bouillons culturels de l’île. Prenez le Institut Français, planqué dans une villa coloniale : ses murs abritent des expositions d’artistes locaux comme Malala Andrialavidrazana, dont les collages explorent les identités postcoloniales, ou des concerts de seggae (un mélange de sega et de reggae, inventé par le légendaire Kaya). Et puis, il y a les fêtes : pendant le Cavadee (février), des milliers de dévots tamouls, le corps transpercé d’aiguilles et portant des kavadis (structures en bois décorées), marchent en transe jusqu’au temple de Montagne Blanche. À Noël, les églises catholiques—comme Notre-Dame-des-Neiges—se parent de guirlandes lumineuses, tandis que les étals des gâteaux patates (des beignets à la patate douce) et de bonbons piment (fruits confits enrobés de piment) envahissent les trottoirs. Même le Diwali, fête des lumières hindoue, y prend une dimension particulière : les maisons sont illuminées de diyas (lampes à huile), et l’air sent le gâteau poudine, un dessert à la noix de coco et au rhum arrangé.
Alors, avant de boucler votre valise et de filer vers les plages de Flic-en-Flac, prenez le temps de traîner à Curepipe. Parce que cette ville, avec ses contrastes—entre tradition et modernité, entre calme apparent et effervescence cachée—est bien plus qu’une étape sur la route des beach resorts. Voici quelques pépites à ne surtout pas manquer :
- Boire un thé décoration chez Chez Tino : un troquet sans prétention où les ouvriers et les fonctionnaires se mélangent autour de sandwichs thon-mayonnaise et de boulettes (viande hachée épicée). Demandez un « thé bien serré »—ils sauront.
- Fouiller les étals du Marché aux Légumes : pour y dénicher des brèdes (feuilles sauvages comestibles), des cœurs de palmiste, ou des piments oiseau si petits qu’ils en deviennent mortels. Et surtout, goûtez un fruit à pain bouilli avec du sel et du piment—le fast-food des pauvres, mais un délice.
- Visiter la Maison Eureka : une demeure créole du XIXe siècle, entourée d’un jardin luxuriant où poussent des arbres à pain et des fleurs de frangipanier. On y apprend que les « colons » français y organisaient des bals… tandis que les esclaves cuisinaient dans les cases en bois à l’arrière.
- Assister à un spectacle au Plaza Theatre : une salle de cinéma art déco qui projette parfois des films mauriciens en créole, ou accueille des pièces de théâtre satyriques moquant la politique locale. L’ambiance y est surannée, entre les fauteuils en velours rouge et l’odeur de pop-corn légèrement brûlé.
- Randonner jusqu’au Pétrin : un volcan éteint où la végétation est si dense qu’on s’y sent au bout du monde. Les Mauriciens y viennent pour des pique-niques « sous les stars »—comprenez : avec des bières Phoenix et des samoussas achetés en route.
