Phuket, c’est bien plus que les bucket lists instagrammables de Bangla Road ou les transats alignés comme des soldats sur Karon Beach. Découvrir les villages traditionnels et îlots cachés près de Phuket, c’est plonger dans une Thaïlande où le temps s’étire au rythme des marées et des prières du matin. Ici, les maisons sur pilotis de Koh Yao Noi défient l’océan depuis des générations, tandis que les vieillards de Ban Laem Son tissent encore des filets de pêche comme leurs ancêtres cham l’ont fait il y a mille ans. Pas de 4×4 climatisés en vue, juste des songthaews bringuebalants et l’odeur âcre du kapi (pâte de crevettes fermentée) qui mijote dans les cuisines ouvertes.
Ces escales sont des capsules temporelles où le bouddhisme theravāda se mêle aux cultes animistes, où les spirit houses en forme de pagode abritent des offrandes de bananes et de whisky bon marché pour apaiser les esprits phi. À Rawai, les pêcheurs sea gypsies (les Moken) vendent encore leur prise du jour sur des étals de fortune, tandis que les femmes préparent le gaeng som – une soupe aigre-douce à base de poisson cru – avec des gestes si précis qu’ils en deviennent une danse. Ici, l’authenticité n’est pas un argument marketing, mais une raison d’être.
Koh Yao Noi : l’île où les buffles ont la priorité
Accessible après une traversée en longtail boat depuis le port de Bang Rong (30 minutes, 150 THB), Koh Yao Noi est ce rêve éveillé où les rizières en terrasses irrigées à la main reflètent le ciel comme des miroirs brisés. Pas de resorts tout inclus ici, mais des homestays tenus par des familles comme celle de P’Noi, qui vous servira un khao yam (salade de riz aux herbes et noix de coco râpée) si épicé qu’il fera pleurer un farang endurci. Les buffles d’eau, rois incontestés, bloquent les chemins de terre tandis que les enfants courent pieds nus vers l’école en uniforme rose fluo – un contraste saisissant avec les temples en teck du XVIIe siècle, comme le Wat Khao Kaeo, où les moines psalmodient des sutras au crépuscule.
L’artisanat local ? Une affaire sérieuse. Les femmes du village de Tha Khao fabriquent des batiks aux motifs géométriques complexes, teints avec de l’indigo cultivé dans les jardins. Un atelier chez Mae Pan (demandez autour de vous, tout le monde la connaît) révèle comment un morceau de coton blanc devient, après des heures de cire et de teinture, une œuvre d’art portable. Et si vous tombez sur la Fête des Bateaux-Dragons (en septembre), préparez-vous à voir des embarcations sculptées à la main s’affronter sur la lagune, au son des tambours et des cris envoûtants des rameurs. Spoiler : le vainqueur gagne un cochon grillé, pas une coupe en plastique.
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Koh Sire et son village de pêcheurs : une escapade authentique depuis Rawai, loin des sentiers battus
Si vous cherchez à fuir l’agitation des plages bondées de Patong ou de Kata, comment visiter Koh Sire et son village de pêcheurs depuis Rawai devient une question existentielle. Ce petit île, accessible en long-tail boat depuis le port de Chalong ou la plage de Rawai, est un monde à part. Ici, pas de resorts clinquants, mais des maisons sur pilotis en bois peint, des filets de pêche séchant au soleil, et des enfants courant pieds nus sur des pontons branlants. Les pêcheurs, majoritairement musulmans – Phuket compte une forte communauté malais-siamese – rentrent à l’aube avec leurs prises : poissons-lait (pla kapong), crabes bleus, et parfois des pieuvres encore frétillantes.
Le village de Koh Sire (ou Ko Sirey) respire une lenteur qui contraste avec le frénétisme touristique de Phuket. Les femmes préparent le khanom jeen, des nouilles de riz servies avec un curry de poisson épicé, tandis que les hommes réparent leurs bateaux sous des arbres takien (un type de mangrove local). Un conseil : goûtez le gaeng som, une soupe aigre-épicée à base de tamarins et de poissons frais, souvent accompagnée de piments oiseaux cultivés dans les jardins familiaux. Pour y aller, négociez un prix avec un boatman à Rawai Pier (comptez 1 500 à 2 000 THB pour un aller-retour avec attente).
L’île abrite aussi un petit sanctuaire bouddhiste, Wat Koh Sire, où les locaux viennent déposer des offrandes de fleurs de frangipanier et de bananes. Les moines, souvent originaires de la région, parlent un thaï teinté d’accent du Sud, presque chantant. Si vous avez de la chance, vous tomberez sur une cérémonie de bai sri su khwan, un rituel de bénédiction pour les nouveaux bateaux ou les maisons. Les villageois y dansent au son des klong yao (tambours longs) et des pi jaké (flûtes traditionnelles).
Ao Sane : la plage secrète de Phuket où les Thais viennent (et que les touristes ignorent)
Ao Sane n’apparaît sur aucune brochure touristique, et c’est tant mieux. Cette crique rocheuse, nichée entre Nai Harn Beach et le Phromthep Cape, est un havre pour ceux qui cherchent une ambiance locale à Phuket sans les hordes de selfie-sticks. Accessible par un sentier escarpé (prévoyez des sandales robustes), la plage est bordée de rochers de granit sculptés par les vagues et de palmiers makok, une espèce endémique. Les eaux turquoise abritent des poissons-perroquets et des oursins violets, visibles avec un simple masque et tuba.
Les quelques échope de street food installées sous des tentes en bambou servent des spécialités du Sud : khao yam (une salade de riz avec des herbes fraîches, des crevettes séchées et une sauce au piment fumé), ou des hoy tod (huîtres frites à l’ail et au poivre). Le soir, les familles thaïes viennent pique-niquer avec des paniers en rotin remplis de som tam (salade de papaye verte) et de satai (brochettes de porc ou de poulet). Un spectacle bien plus authentique que les dinner shows de Bangla Road.
Pour les amateurs de plongée libre, le réif d’Ao Sane (à 200 mètres du rivage) est un spot méconnu où l’on croise des raies pastenagues et des murènes. Les locaux, comme Khun Somchai, un pêcheur à la retraite devenu guide improvisé, louent des kayaks pour 200 THB de l’heure. Il vous emmènera vers des grottes marines où les chauves-souris dorment la journée. Un conseil : apportez une lampe frontale, car certaines galeries sont sombres et glissantes.
Où dormir dans une maison traditionnelle près de Phuket Town : l’art de vivre sino-portugais
Phuket Town, avec ses maisons coloniales sino-portugaises, est un musée à ciel ouvert. Mais pour une immersion totale, dormez dans l’une des guesthouses restaurées du quartier de Thalang Road. La Baan Chinpracha, une demeure du XIXe siècle en teck doré, propose des chambres avec des lits à baldaquin et des sols en carreaux de céramique italienne. Le petit-déjeuner ? Un khanom krok (mini-cocottes de riz et noix de coco) servi dans la cour, sous une tonnelle de jasmin.
Plus intimiste, la The Memory at On On Hotel (la plus vieille auberge de Phuket, ouverte en 1929) a conservé ses murs en stuc et ses fenêtres à persiennes. Les propriétaires, une famille peranakan (métisse chinoise et malaise), organisent des ateliers de cuisine où l’on apprend à préparer le phat si-io, des nouilles sautées au curry massif. Le soir, le quartier s’anime avec le marché de nuit de Lard Yai, où l’on déguste des kanom tuay (puddings de coco) sous des guirlandes lumineuses.
Excursion en bateau vers les îles Phi Phi depuis Phuket : pourquoi un guide local change tout
Les îles Phi Phi sont victimes de leur réputation : Maya Bay (le décor de The Beach) est aujourd’hui un parc national surpeuplé, où les bateaux s’entassent comme des sardines. Mais une excursion en bateau vers les îles Phi Phi depuis Phuket avec guide local transforme l’expérience. Prenez Khun Aek, un ancien pêcheur qui connaît les criques secrètes comme Laem Tong Bay, où l’eau est si claire qu’on dirait du verre. Son bateau, un long-tail en bois de takien, sent encore la résine et le sel.
Contrairement aux tours organisés, Khun Aek vous emmènera à Ko Phi Phi Don avant l’afflux des ferries. Vous visiterez le village des gitans de la mer (chao ley), une communauté moken qui vit encore de la pêche traditionnelle. Leurs maisons, sur pilotis, sont faites de bambou et de feuilles de nipa. Les enfants vendent des colliers de coquillages pour 50 THB, et les femmes tissent des paniers en pandan. Un moment de grâce avant que les hordes ne débarquent.
« Les touristes veulent voir The Beach. Moi, je leur montre ma plage. Celle où j’allais enfant, avant que Leonardo DiCaprio ne gâche tout. »
— Khun Aek, guide et pêcheur à Phi Phi
Pour le déjeuner, évitez les restaurants de Tonsai Village (pièges à touristes) et optez pour un khao mok gai (riz au curry et poulet) chez Nong’s Kitchen, une échoppe tenue par une femme moken. Son secret ? Elle utilise du lait de coco pressé à la main et des épices torréfiées sur un feu de bois. Sur le retour, Khun Aek fait un détour par Bamboo Island, où vous nagerez avec des poissons-anges sous un ciel strié de nuages en forme d’éventail.
Rencontre avec les artisans des villages autour de Phuket : quand le rotin devient poésie
À 30 minutes de Phuket Town, le village de Ban Bor Tor est un sanctuaire de l’artisanat sino-thaï. Ici, les familles fabriquent des lanternes en papier de riz et des masques de khon (théâtre classique) depuis cinq générations. Khun Prasert, 78 ans, sculpte des dragons dans du bois de yang-na (un arbre sacré) pour les temples locaux. « Avant, on vendait aux moines. Maintenant, les touristes achètent pour leurs salons », dit-il en riant, ses mains couvertes de poussière de cinabre.
Plus au nord, à Ban Karon, les femmes tissent des pha sin (jupes traditionnelles) sur des métiers à main en bois de mai daeng. Les motifs, inspirés des vagues et des fleurs de lotus, prennent des semaines à réaliser. Une pièce peut coûter jusqu’à 15 000 THB – un investissement pour les mariages ou le festival Vegetarian (en octobre), où les défilés de ma song (ascètes en transe) portent ces étoffes comme des armures spirituelles.
Le marché flottant de Klong Hae : quand Phuket se souvient de ses racines
À une heure de route de Phuket Town, le marché flottant de Klong Hae est une plongée dans la Thaïlande d’autrefois. Les vendeurs, assis dans des barques en teck, proposent des khanom chan (gâteaux de riz en couches) et des kuay teow neua (nouilles de bœuf) cuits à la vapeur. L’odeur du kapi (pâte de crevette fermentée) se mêle à celle des fleurs de dok rak (jasmin wild) vendues en guirlandes.
Le marché a lieu les week-ends, mais arrivez tôt pour voir les moines bouddhistes faire leur quête matinale, leurs bols en laiton brillants sous le soleil. Les locaux achètent ici des ingrédients pour le kaeng tai pla, un curry fermenté à base de poisson salé et de aubergines thaïes – un plat si puissant qu’il divise les familles. Si vous osez, goûtez-le chez Mae Pim, une cuisinière dont le sourire cache une recette transmise depuis l’époque du roi Rama V.
Les fêtes oubliées de Phuket : quand les esprits dansent avec les vivants
Phuket n’est pas seulement des plages. En avril, le festival Songkran prend une tournure unique avec le Pru Jee Sad, un rituel où les pêcheurs chinois-thaïs lancent des offrandes en papier dans la mer pour apaiser les esprits des noyés. Les feux d’artifice éclatent au-dessus des vagues, et les enfants courent avec des seaux d’eau bénite, aspergeant les statues de Kuan Im (la déesse de la miséricorde).
En septembre, le festival des Chao Ley célèbre les nomades de la mer. À Rawai, des bateaux-dragons décorés de drapeaux rouges s’affrontent dans une course effrénée, tandis que les femmes moken chantent des pleng talay (chants de pêcheurs). Un spectacle où la sueur, le sel et les rires se mêlent – bien loin des pool parties de Kamala Beach.
Phuket après le coucher du soleil : quand l’île se dévoile sans fard
Quand la nuit tombe sur Phuket, quelque chose de magique opère. Les long-tails – ces bateaux-taxis aux moteurs bruyants – rentrent au port de Ko Sire, une île-musée où les sea gypsies (les nomades de la mer) perpétuent encore l’artisanat des batiks et des filets de pêche teints à l’indigo. Les lumières des shophouses sino-portugaises de Phuket Town s’allument comme des lucioles, et c’est là, entre deux façades délavées aux couleurs pastel, que l’âme de l’île se révèle. Oubliez les bucket lists instagrammables : c’est dans les ruelles étroites, où l’odeur du moo hong (porc braisé aux épices) se mêle à celle de l’encens brûlé devant les autels bouddhistes, que Phuket respire. Les Thais appellent ça „sanuk“ – le plaisir simple, sans prétention. Et rien n’incarne mieux ce concept qu’un marché de nuit où un vieux Monsieur Wong vous servira un khanom jeen (nouilles de riz au curry de poisson) avec le même sourire qu’il arborait en 1985.
Mais Phuket n’est pas qu’une affaire de papilles. À une heure de bateau, les eaux turquoise de Koh Racha abritent des récifs où les clownfish (poissons-clowns) dansent entre les anémones comme s’ils savaient que vous, pauvre terrien, venez de payer 300 bahts pour un masque qui fuit. Les spots comme Racha Yai ou Racha Noi sont parfaits pour les débutants en plongée – pas de courants traîtres, une visibilité à faire pâlir les Caraïbes, et des instructeurs locaux qui vous expliqueront pourquoi le corail „Staghorn“ ressemble étrangement à des bois de cerf (spoiler : c’est son nom). Pour tout savoir sur les meilleurs sites adaptés aux novices, jetez un œil à notre guide 2024. Et si vous croyez que plonger, c’est juste une question de selfies avec des poissons, attendez de voir un hawkbill turtle (tortue imbriquée) nager vers vous avec la grâce d’un danseur classique. Ça vous cloue le bec. Ou plutôt, l’embout du tuba.
Plus au nord, le parc national de Khao Phra Thaeo est un rappel brutal que Phuket n’est pas qu’une plaque tournante pour les digital nomads en quête de coconut lattes. Ici, la jungle est reine, dense et humide, peuplée de gibbons dont les cris résonnent comme des rires étouffés. Les sentiers de randonnée, comme celui menant à la Ton Sai Waterfall, sont glissants, mal indiqués, et bordés de plantes qui semblent tout droit sorties d’un film de science-fiction (le „Rafflesia“, une fleur géante qui pue la chair pourrie, en est l’exemple parfait). Les locaux appellent ça „pàa“ – la forêt. Et ils la respectent comme on respecte une grand-mère un peu sorcière : avec crainte et déférence. Pour ceux qui veulent combiner kayak et trek sans finir en repas pour les sangsues, notre guide complet est une bible. Prévoir des chaussures qui tiennent la route (et un anti-moustique qui tient vraiment la route).
Phuket, c’est aussi un kaléidoscope de festivals où le sacré côtoie le profane avec une désinvolture déconcertante. En avril, pendant le Songkran, les rues se transforment en arènes géantes pour des batailles d’eau où même les ajarn (professeurs) finissent trempés comme des rats. Mais le vrai spectacle, c’est le Vegetarian Festival en octobre : neuf jours où les fidèles percent leurs joues avec des épées, marchent sur des charbons ardents, et mangent strictement jay (végétalien) pour purifier leur karma. Les étals regorgent alors de gaeng jued (soupe claire aux tofus) et de khao tom (riz bouilli), tandis que les tambours des processions résonnent comme un rappel : ici, la spiritualité n’est pas un concept abstrait, mais une pratique quotidienne, bruyante et très concrète. Pour les dates exactes et les lieux des cérémonies, le site officiel du Tourisme de Thaïlande est une mine d’or.
Alors, vous êtes toujours convaincu que Phuket se résume à des plages bondées et des muay thai fights truqués pour touristes ? Détrompez-vous. Derrière les tuk-tuks surchargés et les „ping-pong shows“ (non, on ne fera pas de blague facile) se cache une île où chaque coin de rue raconte une histoire – qu’il s’agisse d’un temple wat caché derrière un marché, d’une grand-mère qui vend des khanom chan (gâteaux en couches de pandan) depuis 50 ans, ou d’un pêcheur qui vous expliquera pourquoi la pleine lune de novembre est le meilleur moment pour attraper des pla tu (maquereaux). Pour creuser plus loin, voici une liste de pépites méconnues qui feront de votre voyage bien plus qu’un simple „been there, done that“ :
- Le village de Baan Laem Sing : un hameau de pêcheurs où les maisons sur pilotis abritent encore des familles qui vivent au rythme des marées. Goûtez leur hoi tod (omelette aux huîtres) sur la plage au coucher du soleil.
- Le Phuket Trickeye Museum : un musée d’art interactif où vous pourrez vous photographier en train de surfer sur une vague géante… ou de fuir un naga (serpent mythique). Parfait pour les jours de pluie.
- La ferme de perles de Phuket Pearl : à Ko Sire, découvrez comment les perles sont cultivées dans des huîtres Pinctada maxima, et repartez avec un bijou fait main (et une histoire à raconter).
- Le Big Buddha Phuket de nuit : le géant de marbre blanc, éclairé par des projecteurs, semble veiller sur l’île comme un gardien silencieux. Montez les 400 marches après 18h pour éviter la foule… et les vendeurs de souvenirs un peu insistants.
- Les cours de cuisine de Pum’s Cooking School : apprenez à préparer un massaman curry authentique (avec des épices torréfiées à la main) avant de déguster votre chef-d’œuvre dans un jardin tropical. Réservation indispensable via leur page Facebook – oui, en Thaïlande, même les écoles de cuisine ont un compte.
