Découvrez les trois visages de la Thaïlande avec Le Routard ! Bangkok l’hyperactive, le Nord spirituel avec temples bouddhiques et montagnes, le Sud paradisiaque avec Phuket, Ko Tao et îles de rêve. Itinéraires thématiques, activités inoubliables : bateau sur le Chao Phraya, cours de cuisine à Chiang Mai, plongée dans les eaux turquoise, exploration des plages. Visites incontournables : Wat Pho et son bouddha couché, parc historique de Sukhothai, musée national de Bangkok. Plus de 50 cartes détaillées, bonnes adresses testées, conseils d’experts pour tous budgets. Parfait pour voyager en famille, entre amis ou solo. Explorez la Thaïlande authentique !
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Imaginez un endroit où les cris des gibbons à mains blanches résonnent comme des chants grégoriens à travers une canopée dense, où les racines des palétuviers s’entrelacent dans une eau saumâtre comme les doigts d’une main géante, et où l’air sent le durian mûr et la terre humide après la mousson. Bienvenue à Khao Phra Thaeo, le parc national le plus ancien de Phuket, un joyau de biodiversité coincé entre les stations balnéaires surpeuplées et les plantations de caoutchouc. Ici, pas de plages bondées ni de cocktails à 500 bahts, mais une carte des sentiers de randonnée à Khao Phra Thaeo qui serpente à travers 23 km² de forêt tropicale, de cascades cachées et de marécages mystérieux.
Les locaux l’appellent „Pa Khao“ – la „forêt du père“. Une appellation qui en dit long sur le rapport presque sacré que les Phukétais entretiennent avec ce bout de nature sauvage. Contrairement aux parcs nationaux thaïlandais transformés en parcs d’attractions (je vous regarde, Doi Inthanon), Khao Phra Thaeo reste authentique, voire un peu brut de décoffrage. Les sentiers, comme le Ton Sai (3 km aller-retour) ou le plus exigeant Bang Pae (8 km), sont balisés, mais pas asphalés. Vous y croiserez plus de varans que de touristes en tongs. Et c’est très bien comme ça.
Pour les amateurs d’observation des oiseaux et faune sauvage à Khao Phra Thaeo, le parc est un paradis. Entre novembre et avril – la meilleure saison pour randonner au parc national de Phuket –, on peut y repérer des calaus bidentés, des martins-pêcheurs nains, et avec un peu de chance, le timide serpent-arc-en-ciel (oui, il existe). Les guides locaux, comme Khun Somchai (un ancien chasseur reconverti en écologiste), connaissent les coins où les sangliers malais viennent boire à l’aube. Son tarifs ? 800 bahts pour une demi-journée – et une leçon d’humilité face à la nature.
„Ici, la forêt ne vous appartient pas. C’est vous qui lui appartenez le temps de votre visite.“ – Khun Somchai, guide au parc Khao Phra Thaeo depuis 22 ans.
Si la randonnée est reine à Khao Phra Thaeo, le parc cache une autre pépite : ses mangroves. Louer un kayak pour explorer les mangroves du parc national est une expérience à mi-chemin entre l’expédition scientifique et le film d’aventure. Les eaux calmes de la baie de Ao Por, accessibles depuis le centre des visiteurs, abritent des crabes violonistes, des poissons-perroquets et, si vous êtes silencieux, des loutre cendrées. Les hébergements écolodges près de Khao Phra Thaeo pour randonneurs, comme le Phuket Eco Lodge (à 15 min en tuk-tuk), proposent des forfaits kayak + nuitée avec petit-déjeuner khao tom (une soupe de riz thaïe réconfortante) inclus. Comptez 1 200 bahts la journée.
Mais attention : les mangroves ne sont pas un parc aquatique. Les racines des palétuviers sont fragiles, et les guides locaux insistent pour que les visiteurs restent dans les canaux désignés. „Un kayak qui écrase les racines, c’est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine“, m’a expliqué Khun Nok, une biologiste marine qui travaille avec le parc. Son conseil ? Optez pour une visite tôt le matin, quand la marée est haute et que la lumière filtre à travers les feuilles comme dans un temple bouddhiste.
Autre incontournable : la cascade de Ton Sai, accessible via un sentier de 1,5 km depuis le parking principal. En saison sèche (décembre à avril), elle se transforme en une série de bassins naturels où les locaux viennent pique-niquer avec des paniers de khanom jeen (nouilles de riz servies avec un curry de poisson fumé). Mais ne vous attendez pas à une chute d’eau spectaculaire comme à Erawan : ici, le charme réside dans l’intimité du lieu. Un conseil ? Apportez un sarong pour vous asseoir sur les rochers – et un sachet pour ramasser vos déchets. Les poubelles sont rares, et les singes macaca fascicularis ont déjà assez de mal à résister à vos sandwiches.
Khao Phra Thaeo ne se résume pas à ses sentiers. Aux abords du parc, les villages de Ban Bang Pae et Ban Ao Por offrent un aperçu d’une Thaïlande rurale en voie de disparition. À Ban Bang Pae, les femmes du groupe de tissage Phuket Indigenous perpétuent l’art du sinh (jupe traditionnelle) en coton teint avec des écorces d’arbres. Leurs motifs, inspirés des vagues et des feuilles de banyan, racontent des histoires de migrations depuis le sud de la Chine il y a deux siècles. Un sinh prend trois semaines à tisser – et coûte moins cher qu’un massage dans un spa de Patong (environ 1 500 bahts).
Si vous avez la chance de visiter en juillet, ne manquez pas le Festival des Esprits Affamés (Sat Thai), où les villages organisent des offrandes de khao tom mat (boulettes de riz glutineux fourrées à la noix de coco) pour apaiser les âmes errantes. Les processions, accompagnées de musique piphat (ensemble d’instruments traditionnels), sont à la fois solennelles et joyeuses – un mélange typiquement thaïlandais de respect et de fête. Les étrangers sont les bienvenus, à condition de s’habiller modestement (épaules et genoux couverts) et de ne pas toucher aux offrandes.
Dormir près de Khao Phra Thaeo sans contribuer à la déforestation ou au tourisme de masse, c’est possible. Les hébergements écolodges près de Khao Phra Thaeo pour randonneurs se comptent sur les doigts d’une main, mais ils valent leur pesant de durian. Le Phuket Green Village, une série de bungalows en bambou construits par des artisans locaux, propose des nuits à 1 800 bahts avec petit-déjeuner bio (œufs de poules élevées sur place, fruits du jardin). Leur politique „zéro plastique“ est radicale : même les pailles sont fabriquées à partir de tiges de lemongrass.
Plus rustique mais tout aussi authentique, la Bang Pae Guesthouse (600 bahts la nuit) est tenue par Khun Daeng, un ancien ranger du parc. Ses chambres en bois sur pilotis donnent sur la forêt, et le dîner – un gaeng som (soupe aigre épicée aux crevettes) servi avec du riz collant – est cuisiné avec des ingrédients cueillis dans la journée. „Si vous voulez de la climatisation, allez à l’hôtel“, prévient-il en riant. Ici, on dort avec les sons de la jungle : cris de tokays (lézards géants) et chant des cicadas en fond sonore.
Khao Phra Thaeo n’est pas Disneyland, et la nature y a des dents. Première règle : ne nourrissez pas les singes. Les macaca fascicularis du parc sont des voleurs aguerris, capables d’arracher un sac à dos pour un paquet de chips. „Ils ont appris à ouvrir les fermetures éclair“, explique Khun Somchai. Résultat : des touristes se retrouvent avec des passeports déchirés ou des lunettes volées. La solution ? Rangez tout dans un sac hermétique (ou laissez-le à l’accueil).
Autre écueil : les „guides“ non officiels qui traînent près de l’entrée. Certains proposent des visites „VIP“ pour 500 bahts, mais beaucoup n’ont aucune formation en écologie. „Ils racontent n’importe quoi aux touristes, comme que les gibbons sont des singes sacrés qui portent bonheur“, s’agace Khun Nok. Pour éviter les arnaques, réservez via le centre des visiteurs (tél. : +66 76 210 936) ou l’office du tourisme de Phuket, qui liste les guides certifiés.
La meilleure saison pour randonner au parc national de Phuket s’étend de décembre à avril, quand les pluies se font rares et que les sentiers ne se transforment pas en bourbiers. Mais si vous voulez éviter les groupes de touristes (souvent des excursions depuis Patong), privilégiez les jours de semaine en janvier-février. C’est aussi la période où les orchidées sauvages (comme la Dendrobium) fleurissent près des cascades.
À éviter absolument : mai à octobre, saison des pluies. Non seulement les sentiers deviennent glissants (et les leeches – sangsues – affamées), mais les mangroves sont partiellement inondées, rendant le kayak périlleux. „Même les locaux ne s’aventurent pas dans la forêt pendant la mousson“, confirme Khun Daeng. Si vous devez venir à cette période, contentez-vous des sentiers courts comme Ton Sai, et équipez-vous de chaussures imperméables et de spray anti-moustiques (les Aedes ici ne rigolent pas).
Khao Phra Thaeo est bien plus qu’un parc national : c’est un symbole de la lutte pour préserver l’identité de Phuket face au tourisme de masse. Dans les années 1980, des promoteurs immobiliers voulaient raser une partie de la forêt pour construire un golf. Grâce à la mobilisation des villages (et à quelques manifestations bien organisées), le projet a été abandonné. Aujourd’hui, le parc collabore avec des ONG comme Phuket Marine Biological Center pour réintroduire des espèces disparues, comme la tortue à carapace molle.
Les locaux appellent ça „wiwat thammachat“ – „la célébration de la nature“. Une philosophie qui imprègne tout, des écolodges aux festivals. Quand vous partez, emportez avec vous non seulement des photos de cascades et de gibbons, mais aussi cette idée : le tourisme peut être une force de préservation, à condition de marcher léger. Et peut-être, la prochaine fois que vous croquerez dans un massaman curry à Phuket Town, vous penserez aux femmes de Ban Bang Pae qui tissent des sinh en écoutant le vent dans les banyans.
Phuket au-delà des clichés : quand la jungle rencontre le karma (et vos attentes de voyageur)
Si vous pensiez que Phuket se résumait à des bucket drinks fluorescents et à des selfies devant des couchers de soleil Instagramables (ce qui, soyons honnêtes, a son charme très coupable), attendez de découvrir le parc national de Khao Phra Thaeo. Ici, la jungle est si dense que le Wi-Fi 5G semble aussi mythique que le Yeti. Ce n’est pas juste une « balade nature » pour cocher une case écolo dans votre carnet de voyage : c’est une plongée dans l’écosystème qui a inspiré les légendes locales du Phi Pop (esprits de la forêt, pour les novices en folklore thaï). Les sentiers serpentent entre des dipterocarps géants – ces arbres majestueux qui dominent la canopée comme des gardiens silencieux – et des cascades comme Ton Sai, où l’eau tombe en rideaux argentés sur des rochers couverts de mousse, comme si la terre elle-même transpirait sous l’humidité tropicale. Les Thais viennent ici pour des pique-niques familiaux les week-ends, avec des paniers remplis de khao tom (une soupe de riz réconfortante) et de miang kham (ces petites feuilles farcies d’un mélange sucré-salé à grignoter), rappelant que la nature, pour eux, n’est pas un « spot » mais un lieu de vie.
Et puis il y a les plages. Oui, encore les plages, mais pas celles que vous imaginez. Oubliez Patong et ses jet-skis hurlants (même si, avouons-le, il y a un plaisir coupable à jouer les cascadeurs un après-midi). Dirigez-vous vers Nai Thon ou Mai Khao, où le sable est si blanc qu’il en devient presque agressif sous le soleil de midi, et où les vagues léchent la côte avec une paresse de chat au soleil. Ces plages, listées parmi les plus adaptées aux familles, sont aussi des lieux de pêche traditionnels. Tôt le matin, vous croiserez des pêcheurs en longtail boats ramenant des plaa kapong (poissons-perroquets) ou des hoi shell (coquillages géants), tandis que leurs femmes préparent des tod mun pla (galettes de poisson frites) sur des grills de fortune. Le contraste est saisissant : d’un côté, les resorts 5 étoiles avec leurs mocktails à 15€ ; de l’autre, des familles thaïes attablées sur des nattes en plastique, partageant un repas cuisiné sur place pour moins de 2€.
Phuket, c’est aussi un carrefour culturel où le bouddhisme se mêle à des influences chinoises et malaises, le tout saupoudré d’un héritage Peranakan (ou Baba-Nyonya) qui se voit dans l’architecture des vieilles maisons de Phuket Town. Mais pour saisir l’âme spirituelle de l’île, il faut monter – littéralement. Le Big Buddha, cette statue de 45 mètres de haut en marbre de Birmanie, domine l’île comme un phare silencieux. Les locaux viennent y déposer des offrandes (des fleurs de lotus, des bouteilles de nam man phu, une huile parfumée utilisée dans les cérémonies) et toucher les petites clochettes en bronze pour porter bonheur. À ses pieds, des moines en robe safran discutent avec des touristes en short fluo, créant une scène surréaliste qui résume Phuket : un mélange de dévotion et de désinvolture. Si vous planifiez une journée culturelle, combinez la visite du Big Buddha avec le Wat Chalong, où les murs du temple racontent l’histoire de deux moines vénérés, Luang Pho Cham et Luang Pho Chuang, à travers des fresques aussi colorées qu’un marché flottant. Ne manquez pas non plus les étals autour des temples, où des artisans vendent des amulettes mon (médailles bouddhistes protectrices) et des sao ching cha (poupées traditionnelles en céramique), bien loin des babiole « Made in China » des boutiques pour touristes.
Enfin, parlons de ce que personne ne vous dit : Phuket a un rythme lent. Pas le « lent » méditatif de Chiang Mai, mais un tempo qui oscille entre l’urgence des tuk-tuks klaxonnants et l’immobilité des vieux pêcheurs jouant aux échecs sous un rain tree centenaire. Les fêtes locales, comme le Festival des Végétariens (oui, un festival où des gens jeûnent et marchent sur des charbons ardents pour purifier leur karma), ou les courses de longtail boats à Saphan Hin, sont des explosions de couleur et de bruit qui contrastent avec la quiétude des parcs nationaux environnants. Et c’est cette dualité qui rend Phuket si captivante : un endroit où vous pouvez passer de l’adrénaline d’un cours de surf à Kata Beach à la sérénité d’un coucher de soleil à Promthep Cape, où les locaux lâchent des lanternes khom loi (lanternes célestes) pour honorer les esprits de l’eau. Alors, avant de boucler vos valises, demandez-vous : voulez-vous voir Phuket, ou la vivre ? Parce que la différence, ici, se mesure en rires partagés avec un vendeur de kanom jeen (nouilles de riz servies avec un curry vert à tomber), en sueur perlant sur un sentier de jungle, ou en silence respectueux devant une statue de Bouddha couverte d’or et de prières.
Pour ceux qui veulent creuser encore (parce qu’on sait que vous êtes du genre à lire les notes de bas de page), voici ce qui pourrait transformer votre voyage en une expérience vraiment locale :
- Goûtez un oh tao : cette soupe de nouilles épicée, servie avec des tripes de porc et du sang caillé, est un test de courage (et de palais) que les habitants adorent infliger aux étrangers. À trouver dans les échoppes près du marché de Phuket Weekend.
- Assistez à une séance de Muay Boran : bien plus brutale que la boxe thaïe « touristique », cette version ancienne se pratique encore dans des salles comme le Siam Boxing Gym à Rawai. Attention aux coudes.
- Apprenez à cuisiner un gaeng som : ce curry aigre du Sud, à base de krachai (gingembre sauvage) et de poisson, est un pilier de la cuisine locale. Des cours sont proposés par des familles à Kathu, loin des usines à touristes.
- Visitez un rubber plantation : Phuket était autrefois couverte de plantations d’hévéas. Certaines, comme celle de Baan Lipon, proposent des démonstrations de récolte de latex, un vestige d’une économie qui a façonné l’île bien avant le tourisme.
- Participez à une cérémonie Bai Sri Su Khwan : cette bénédiction traditionnelle, où l’on attache un fil sacré autour du poignet, est souvent organisée dans les villages pour porter chance. Demandez gentiment dans un wat local – certains moines acceptent les visiteurs respectueux.
