Il est 18h30 quand le soleil commence à s’effondrer derrière les façades sino-portugaises de Phuket Town, teintant les rues d’une lumière dorée qui sent déjà le khanom jeen (nouilles de riz au curry) et le moo ping (brochettes de porc grillé). Ici, les marchés de nuit et cours de cuisine ne sont pas qu’une attraction touristique : c’est le pouls même de la ville, où les grands-mères thailandaises négocient des épices avec la même fougue que les ados instagrament leurs mango sticky rice. Si vous cherchez une expérience gourmande pas chère, vous êtes au bon endroit—mais attention, votre estomac et votre portefeuille ne sortiront pas intacts.
Phuket Town, souvent éclipsée par les plages de Patong ou les îles paradisiaques, est en réalité le cœur culturel et culinaire de l’île. Entre les étals du Weekend Market (Naka Market)—où l’on trouve tout, des durians géants aux khao kha mu (riz braisé au porc) fumants—and les cours de cuisine improvisés dans des shophouses centenaires, chaque bouchée raconte une histoire. Celle d’une région façonnée par les commerçants chinois, les pêcheurs malais et les colons portugais, dont les influences se mélangent aujourd’hui dans une assiette à moins de 3€. Prêt à manger comme un local ?
Où déguster et apprendre : les incontournables des marchés de nuit
Commençons par le Phuket Weekend Market (Talad Tai Rod), un dédale de 4 000 m² où l’air vibre au rythme des woks surchauffés et des cris des vendeurs annonçant leurs pad thai goong sod (avec crevettes fraîches). Ici, les prix défient toute logique occidentale : un bol de kuay teow neua (soupe de nouilles au bœuf) coûte 60 THB (1,60€), et le roti gluay (crêpe à la banane) se négocie à 20 THB. Mais attention aux pièges à touristes—les locaux savent que les meilleurs étals sont ceux où la queue est 100% thaïlandaise. Un conseil : venez tôt (vers 17h) pour éviter la foule, et goûtez le oh tao, une omelette aux huîtres typique du sud, avant qu’elle ne soit vendue.
Pour une immersion plus intime, direction le Malai Market (marché de jour qui se transforme en spot nocturne), où les femmes hokkien préparent des khanom buang (crêpes croustillantes) devant vous. C’est aussi l’endroit idéal pour s’inscrire à un cours de cuisine improvisé avec des chefs comme Pum (du Phuket Thai Cooking Class), qui vous apprendra à piler des pâtes de curry dans un mortier en granit—une compétence qui impressionnera vos amis bien plus qu’un selfie devant un temple. Les cours coûtent entre 800 et 1 200 THB (20-30€) et incluent souvent une visite au marché pour choisir vos ingrédients. Pro tip : demandez à cuisiner un gaeng som pla (soupe aigre au poisson), un plat du sud que même les Bangkokiens ne maîtrisent pas.
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Si vous pensiez que Phuket se résumait à des plages de carte postale et à des bucket drinks servis dans des seaux en plastique, préparez-vous à une révélation. Phuket Town, cœur battant de l’île, est un dédale de ruelles sino-portugaises où les façades pastel des shophouses abritent une vie bien plus riche que les clichés touristiques. Ici, les meilleurs plats à goûter au Naka Market ne se trouvent pas sous cellophane, mais grillés à la minute sur des braseros fumants, servis par des mains qui connaissent chaque épice comme un chef étoilé connaît ses couteaux.
Le Naka Market (ou Talad Naka pour les intimes) est un festival permanent pour les sens. Dès 16h, les étals s’animent comme une fourmilière géante. Entre les moo ping (brochettes de porc marinées au lait de coco et curcuma) qui caramélisent sous vos yeux et les khanom jeen (nouilles de riz servies avec un curry de poisson épicé), on comprend vite pourquoi les Thaïlandais viennent ici après le travail, pas pour les touristes. Pro tip : évitez les heures de pointe (18h-20h) si vous voulez discuter avec les marchands. C’est à 17h, quand la chaleur tombe, que Tante Nok du stand 42 vous racontera comment son gaeng som (soupe aigre épicée) a survécu à trois générations… et à l’arrivée de McDonald’s en face.
Mais attention, ce marché n’est pas un zoo culinaire. Les prix, affichés en thaï, restent honnêtes (comptez 40-80 THB par plat), et les sourires ne sont pas proportionnels à la taille de votre portefeuille. Ici, on juge votre appétit, pas votre budget. Et si vous osez demander « mai phet » (pas épicé), préparez-vous à des regards qui oscillent entre pitié et amusement. « Farang » (étranger) ou pas, la règle est claire : en Thaïlande, on mange épicé, ou on apprend.
Si le Naka Market est le roi des marchés de nuit à Phuket, le Weekend Market (ou Talad Tai Rod, près de Chao Fa West Road) en est l’empereur déjanté. Ouvert uniquement samedi et dimanche de 16h à 22h, ce labyrinthe de 4 000 m² est le spot idéal pour traquer les spécialités végétariennes – une aubaine dans un pays où le jay (végétarisme bouddhiste) se fête deux fois par an lors du Festival des Neuf Empereurs. Goûtez les khao cham (riz parfumé au jasmin servi avec des accompagnements végétariens) ou les tod mun jay (galettes de tofu frites), et observez comment les locaux transforment une simple feuille de bananier en assiette comestible. Zéro déchet avant l’heure.
Pour les chasseurs de souvenirs qui ont du goût, direction Thalang Road, où les échoppes regorgent de épices et trésors culinaires. Chez Phuket Spice Sanctuary (123 Thalang Rd), Khun Somchai vend des mélanges de curry maison qui feront pâlir votre supermarché. Son gaeng massaman prêt à l’emploi ? Un best-seller depuis 20 ans. Plus loin, Baan Chinpracha (98 Krabi Rd) propose des khanom chan (gâteaux en couches parfumés à la noix de coco) emballés dans des boîtes en bois sculpté – le cadeau parfait pour ceux qui vous demandent « Alors, tu m’as ramené quoi de Thaïlande ? » (spoiler : pas un éléphant en plastique).
Et si vous voulez rapporter plus qu’un souvenir, pourquoi ne pas apprendre à cuisiner thaï ? Le Phuket Thai Cooking Academy (67/1 Montri Rd) propose des cours en français (oui, avec un vrai chef, pas un traducteur Google). Au menu : décortiquer un tom yum goong sans faire pleurer vos voisins de table, ou maîtriser l’art du pad thaï sans transformer vos nouilles en bouillie. Le cours du soir (17h-21h) inclut une visite au marché pour choisir vos ingrédients – et accessoirement, éviter de vous faire arnaquer sur le prix des kaffir lime leaves.
Nothing kills l’appétit comme arriver devant un marché fermé. Voici le guide 2024 des horaires pour éviter la déception (et les regards compatissants des tuk-tuk drivers) :
- Naka Market : Tous les jours, 16h–23h (mais les meilleurs stands ferment vers 22h). Adresse : Wichit Songkram Rd, près du rond-point de Tesco Lotus.
- Weekend Market (Talad Tai Rod) : Samedi et dimanche 16h–22h. Adresse : Chao Fa West Rd, à 10 min à pied du Old Phuket Town.
- Phuket Indy Market (pour les hipsters) : Vendredi et samedi 16h–23h. Adresse : Lardyai Rd, ambiance musique live et food trucks.
- Malai Market (le plus local) : Tous les jours 6h–14h pour le petit-déj’ thaï (essayez le jok prince, une bouillie de riz au porc, à 30 THB). Adresse : near Phuket Provincial Hall.
Notez que pendant le Festival Végan (généralement en octobre, dates variables selon le calendrier lunaire), la plupart des marchés proposent des versions jay de leurs plats. Une occasion rare de goûter un khao soi sans viande qui n’a rien à envier à l’original.
À Phuket Town, marchander est un sport national – mais avec des règles. Pour les épices et produits secs (comme les prik kee noo, ces petits piments qui vous feront oublier votre prénom), négociez max 10-15% de réduction. Les prix sont déjà bas (un sachet de curry panang coûte 50-80 THB), et rogner 5 THB ne fera pas de vous un héros. En revanche, pour les souvenirs artisanaux (poupées shadow puppet, bols en noix de coco, ou ces fameuses cuillères en bois sculpté), partez de 50% du prix affiché et remontez lentement. Si le vendeur rit et vous tend un thé glacé, c’est bon signe. S’il sort une calculatrice, fuyez.
« Un touriste qui paie le prix affiché, c’est comme un farang qui mange du pad thaï avec une fourchette : techniquement possible, mais culturellement douteux. »
La Thaïlande végétarienne, c’est bien plus que des légumes sautés avec de la sauce soja. Au Weekend Market, cherchez ces pépites :
- Khao chae : Riz parfumé à l’eau de jasmin servi avec des accompagnements végétariens (boulettes de jackfruit, œufs de caille marinés). Un plat royal adapté par les marchands.
- Miang kham : Feuilles de cha-plu (un arbre local) garnies de noix de coco râpée, gingembre, oignon et sauce tamarin. Explosion en bouche garantie.
- Khanom krok végétarien : Ces petites crêpes coco-curcuma, normalement faites avec du porc, existent en version jay pendant le festival végan.
- Som tam thai jay : La salade de papaye verte sans poisson, remplacée par une sauce à base de prahok végétal (oui, ça existe).
Pro tip : Le stand « Jay Food by Auntie Da » (près de l’entrée Est du Weekend Market) est une institution. Son gaeng jued (soupe claire aux champignons et tofu) est si léger qu’on en redemande… jusqu’à ce que le piment caché vous rappelle à l’ordre.
Derrière les étals de nourriture, Phuket Town cache une histoire métissée qui remonte à l’âge d’or de l’étain. Les shophouses colorées de Soi Romanee (la « rue des amants », selon la légende) étaient autrefois des entrepôts pour les mineurs chinois. Aujourd’hui, leurs façades décorées de motifs peranakan (mélange de cultures chinoise et malaise) abritent des cafés branchés… et des grands-mères qui vendent encore des khanom tuian (gâteaux de riz cuits à la vapeur) comme en 1920. Poussez jusqu’au Thai Hua Museum (28 Krabi Rd), une ancienne école chinoise transformée en musée : son exposition sur le commerce de l’étain explique pourquoi Phuket était autrefois appelée « la perle de la mer Andaman ».
Pour une immersion totale, venez en novembre pendant le Festival des Neuf Empereurs. Pendant neuf jours, les rues se transforment en un océan de blanc (la couleur du deuil bouddhiste), et les marchés ne servent que des plats jay. C’est aussi l’occasion de voir des rituels de possession où des médiums (maw song) marchent sur des charbons ardents pour honorer les dieux taoïstes. Spectaculaire ? Oui. Touristique ? Pas encore. Alors profitez-en avant que TripAdvisor ne s’en mêle.
Premier conseil : oubliiez les taxis. Phuket Town se parcourt à pied, en songthaew (ces pick-ups rouges partagés, 20-40 THB la course), ou en vélo (location chez Phuket Bike Rental, 100 THB/jour). Deuxièmes règle : mangez là où il y a la queue. Si un stand a cinq Thaïlandais en attente et zéro touriste, c’est bon signe. Troisième principe : suivez le rythme local. Ici, on dîne tôt (18h-19h), on prend son temps, et on termine la soirée avec un o-liang (café thaï glacé) chez Torry’s Ice Cream (63 Phang Nga Rd), où les saveurs vont de la noix de coco au durian (à vos risques et périls).
Enfin, si vous voulez rapport un vrai morceau de Phuket, oubliez les t-shirts « Same Same But Different ». Optez plutôt pour :
- Un mortier et pilon en granit (pour écraser vos propres pâtes de curry, chez Phuket Old Town Market).
- Des feuilles de pandan séchées (pour parfumer vos desserts, chez Spice Heaven sur Ranong Rd).
- Un sachet de prik nam pla (piments marinés dans de la sauce poisson, à utiliser avec parcimonie).
- Un livre de recettes en thaï (même si vous ne comprenez rien, les photos sont magnifiques – cherchez chez Booksmith sur Thalang Rd).
Et surtout, parlez aux gens. Demandez à Khun Nid, qui vend des roti gluay (crêpes banane) depuis 30 ans, pourquoi elle ajoute du kaya (confiture de coco) dans les siennes. Écoutez Khun Somsak, le vieux pêcheur du marché Malai, vous expliquer comment choisir un pla tu (maquereau) frais. C’est dans ces échanges, entre deux bouchées de khanom buang (crêpes croustillantes), que Phuket Town révèle son âme. Le reste ? Juste du décor.
Phuket après le coucher de soleil : quand la magie opère entre ruelles animées et silences sacrés
Quand le soleil plonge derrière les collines de Khao Phra Thaeo – ce parc national luxuriant où les sentiers de randonnée se transforment en reflets dorés sur les mangroves –, Phuket se métamorphose. Les plages de Patong ou Kata, encore bruyantes de l’agitation diurne, laissent place à une autre âme : celle des marchés de nuit, où l’air embaume le moo ping (brochettes de porc grillées) et le khanom jeen (nouilles de riz servies avec un curry épicé). Ici, la nuit n’est pas une fin, mais une renaissance. Les Thais, maîtres de l’art de vivre sanuk (l’idée que la vie doit être joyeuse), transforment les trottoirs en scènes improvisées. À Phuket Weekend Market (ou Talad Tai Rod pour les locaux), on slalome entre les étals de batik – ces tissus teints à la main, héritage des communautés peranakan – et les cuisines de rue où des mamies préparent des roti gluay (crêpes à la banane) avec une dextérité qui force l’admiration.
Mais Phuket la nocturne, ce n’est pas que l’effervescence des marchés. C’est aussi le calme solennel des temples éclairés aux lanternes, où les moines psalmodient des suttas (textes bouddhistes) sous le regard bienveillant des nak (esprits protecteurs). Après une journée à explorer les trésors de Wat Chalong ou la sérénité du Big Buddha, assister à une cérémonie du soir – comme la Wian Tian (fête des bougies) en octobre – est une expérience qui vous colle à la peau. Les locaux y déposent des offrandes de fleurs de dok mai chan (jasmin) et de khao tom mat (riz gluant aux bananes), tandis que les tambours klong yao résonnent comme un écho des anciennes cours royales de Siam. Pro tip : si vous osez, glissez-vous dans une tok tok (ces taxis-motos qui défient les lois de la physique) pour filer vers Phuket Town et son marché du dimanche, où les façades sino-portugaises, peintes en rose et bleu pastel, semblent tout droit sorties d’un roman de magical realism.
Et puis, il y a la mer. La nuit, l’océan Andaman devient un mystère liquide, surtout si vous avez passé la journée à explorer les récifs de Koh Racha. Les pêcheurs de Rawai rentrent avec leurs prises de pla kapong (carpe rouge) et de hoi shell (coquillages géants), tandis que les long-tails boats – ces bateaux à moteur long et bruyant – tracent des sillons phosphorescents dans l’eau. Sur la plage de Nai Harn, loin des néons de Patong, des familles thai pique-niquent sous les étoiles avec des paniers remplis de som tam (salade de papaye piquante) et de kai yang (poulet grillé). Ici, personne ne vous proposera de bucket (ce cocktail infâme à base de Red Bull et de vodka bon marché). Non, on vous tendra plutôt un verre de cha yen (thé glacé) ou un sato (vin de riz maison), avec un sourire qui en dit long sur leur mépris poli pour le tourisme de masse.
Phuket la nuit, c’est aussi l’heure où les ladyboys (ou kathoey) prennent le devant de la scène, notamment dans les cabarets de Simon Cabaret à Patong, où les performances mêlent humour, glamour et une touche de mélancolie. Leur présence, à la fois célébrée et complexe, rappelle que la Thaïlande navigue entre tradition et modernité avec une grâce déconcertante. Et si vous avez encore de l’énergie, dirigez-vous vers Bangla Road – oui, c’est kitsch, bruyant, et parfois sordide, mais c’est aussi un spectacle sociologique fascinant. Entre les bars à muay Thai (où des combattants s’affrontent pour 300 bahts) et les stands de pad thai cuits à la minute, vous croiserez des farangs (étrangers) ivres, des familles thaïes en balade, et des chats errants qui semblent juger tout ce cirque avec un détachement olympien.
Alors, prêt à plonger dans cette nuit phukétienne qui oscille entre sacré et profane, entre douceur et folie ? Voici quelques incontournables pour arpenter l’île quand le soleil se couche – et quelques pièges à éviter pour ne pas finir comme un cliché ambulant :
- À faire absolument : Dîner au Kan Eang@Pier (à Chalong), un restaurant sur pilotis où les pieds dans l’eau, on déguste un massaman curry en regardant les lumières des bateaux.
- Pour l’ambiance : Le Café del Mar à Kamala Beach, où les DJ sets se marient étrangement bien avec le bruit des vagues (et où les cocktails ne sont pas une arnaque).
- À éviter : Les ping-pong shows de Bangla Road – parce que non, ce n’est ni drôle ni respectueux, et que vous avez mieux à faire de vos 500 bahts.
- Secret local : Le Saphan Hin Park à Phuket Town, où les habitants viennent courir, danser le ram muay (danse traditionnelle avant un combat), ou simplement s’allonger dans l’herbe en regardant les avions atterrir à l’aéroport.
